La vie suit inlassablement son cours. A moi elle me lasse. Je finis par en avoir marre du train train quotidien, de cette solitude, de tout ce qui fait mon présent mais aussi mon passé et mon avenir. J'ai l'impression que tout est déjà écrit d'avance pour nous, qu'il est impossible de changer quoi que ce soit. Une histoire bâclée sur la fin, car il n'y a rien d'autre à ajouter. La mienne, personne ne savait comment la finir, alors ils ont préféré faire une boucle, pour que chaque semaine soit la même. Ils n'avaient plus d'inspiration, ou peut-être s'amusent-ils à me voir tourner en rond sur les terres de War of Tiger, ressasser mon passé, éviter les autres, faire des cauchemares à chaque fois que je m'endors. Même mes cauchemars ne me font presque plus peur. J'ai tellement l'habitude de ces coups de fusils, de ces plaintes déchirantes, de ces critiques acerbes d'une voix que trop connue qui me fend le coeur à chaque fois, de tous ces adieux, des ces humains, de cette petite humaine au milieu des flots...
Je n'arrête pas de me plaindre de mon sort. Pourtant je sais très bien, qu'au milieu de toutes ces terres, il y a bien des personnes qui subissent bien pire. Qu'est-ce que j'ai eu, moi? Oh, rien... Juste une soeur qui est morte, des petits qui ont été tué, une compagne que j'ai abandonné derrière moi et que j'essaye d'oublier... C'est déjà beaucoup. Alors quand je me dis qu'il existe pire, je plains ces personnes.
La vie est injuste. La vie aime nous blesser au plus profond de nous même, pour qu'on prenne du temps et qu'on ai du mal à se relever. Et quand tout va mieux elle reffrappe, plus fort encore. Et notre chemin va ainsi, plein de malheur et de misères qui s'accumulent. On n'a même pas le temps d'oublier une histoire qu'il y en a déjà dix autres qui se sont frayées un chemin.
C'est peut-être aussi pour ça que j'ai décidé de rester seul et d'éviter les autres. Au moins, mes histoire, j'ai le temps de les oublier une bonne fois pour toute, de tirer un trait dessus, sans qu'aucune autre ne se rajoute à tout ce désordre. C'est facil... trop facil même. Mais il y a un désavantage à tout ça: quand on est seuls, on a plus de temps pour repenser au passé. C'est pour ça aussi que je n'arrive pas à oublier... Donc en fait, je ne sais plus vraiment que faire. Puisqu'être avec les autres rajoute des histoires, mais qu'en même temps ça fait oublier les autres... Sauf que lorsqu'on se retrouve seul -car il y a toujours un moment donné où on se retrouve seul- il ya bien pire encore à supporter.
Autant s'adonner chaque jour à la chasse, le plus de temps possible. Ca nous occupe un bon moment, et ça nous permet de ne penser à rien d'autre qu'à ce qui nous entoure. C'est bien. En fait c'est bien ça la solution la plus facile. Mais ça n'éloigne pas mes cauchemars...
Une petite antiloppe arrache les racines d'un buisson. Elle s'est bien trop éloignée de son troupeau. Petite imprudente, tu ne vivras pas bien longtemps. A peine le temps de finir ta racine... Je me mets de sorte que le vent m'apporte son odeur et non le contraire. Les vents tournent si vite... je dois me dépêcher. Je ne rampe même pas. Je cours tout de suite. Même si je suis loin d'être sûr de ma réussite. La proie me voit soudain et déguerpit. QUant à moi j'accélère, puisant dans toutes mes forces dans un sprint fénoménal. Je ne rattrappe pas la distance qu'il y a entre moi et l'antiloppe, mais elle ne gagne pas de terrain non plus. J'ignore si je réussirai, j'en doute même. Je profite juste de l'ivresse de la vitesse.
Je ralentis enfin, exténué. L'antiloppe continue sa course et disparaît au loin. De toutes façons je ne mourrai pas de faim, j'ai mangé un lièvre à l'aurore. Le soleil entame déjà sa descente dans le ciel hivernal. Une brise glaciale me souffle au visage, je reste de marbre. La plaine est déserte, à l'exception d'un point orangé qui se raproche rapidement...

Flamme courrait. Point à la ligne.
Il courrait si rapidement, virgule, que rien ne pouvait l'arrêter. Point. Il était déjà sur les plateaux, virgule, mais il voulait continuer. Point. Il voulait oublier tout ce qui venait de se passer. Soupir. Il ne pourrait plus jamais la regarder de cette même façon. Soupir. Il ne pourrait plus jamais l'aimer. Larme.

Pourquoi ne pouvait-il pas tout oublier? Point d'interrogation. Pourquoi? Interrogation. Ne pouvait-il pas tout simplement mourir? Demande implorante. Ne pouvait-il pas partir, virugle, partir à jamais? Soupir. Ne pouvait-il pas aller dans une grotte, virgule, où personne ne viendrait le chercher? Rage. Il voulait tout oublier, virgule, trouver quelqu'un à qui il pourrait parler. Point. Il voulait quelqu'un qui allait abaisser ses souffrances : Deux points. Il voulait la mort.

Oui. Évidence. Il voulait mourir. Pourquoi continuait-il à voir? Rage. Pourquoi tout le monde tournait autour de lui? Colère. Il ne pourrait plus jamais revoir ses parents, virgule, son Clan, virgule, et pardessus tout : Deux point. Elle. Peine. Il voulait quitter ce monde. Tristesse. Il voulait ne plus jamais souffrir. Évidence. Il ne voulait plus jamais avoir à croiser son regard. Point. Mais cela, n'était que mots. Soupir. Mots...

Devant lui, il voyait un point se rapprocher. Point. Mais il n'avait pas peur. Éviendence. C'était un tigre. Stupide. Un Storm. Stupide. Il s'approcha, jusqu'à distinguer ses contours. Point. En fait, il le voyait très bien, car il était à quelques longueurs de queues. Il lui lança un regard noire. Colère noire. Son poil se dressa sur son échine. Colère rouge.

Il voulait mourir. Évidence.
Retour.
Fin.

Un tigre, aussi banal que les autres. Nous nous ressemblons tous. Une fourrure orange rayée de noir, deux yeux, quatre pattes, un ventre, deux oreilles, une queue. Après, on est plus ou moins beau selon la manière don tout ça est organisé. Lui, je ne sais pas si il est vraiment beau. Il est comme les autres. Hormis les couchers de soleil, je ne vois plus vraiment les belles choses.
C'est un Sun. Ennemi, vraiment? Pourquoi prendre en compte la barrière invisible que forment les rivalités de clans, alors que moi même je ne sais pas vraiment de quel clan je fais parti. Suis-je des Wind, où j'ai grandi appri la plupart des choses, ou des Storms, où je vis depuis à peu près deux ans? C'est idiot, ces barrières. Pourquoi les prendre en compte, elles sont invisibles et si fragiles, si précaires...
Je croise le regard du tigre et découvre une rage terrible. Pourquoi est-ce que ça ne me surprend pas? Je l'ignore. Face à son pelage hérissé, à son regard haineux et sa posture de combat, je reste de marbre. Je le fixe. La colère, qui ne l'a jamais connue? La colère face à un inconnu, la colère parce qu'on ne veux voir personne, la colère parce qu'on s'en veut ou qu'on en veut à quelqu'un, la colère parce que rien ne va comme on le voudrait, la colère parce qu'on trouve tout trop injuste, la colère contre la vie elle-même...
J'ignore ce qui le frustre autant, mais je suis certain à son regard que ce n'est pas cette simple rivalité de Clan. Je comprend que ce n'est pas à moi qu'il en veut, que ç'aurait été n'importe qui d'autre il aurait réagi de la même manière.
Je m'assois tranquillement. Pour la première fois depuis bien longtemps je veux parler.