Waaaïe! Encore un de ces jours où la vie me semble nulle, où j'ai l'impression de servir à rien dans ce monde. La vie est un cadeau, disent certains. Moi, j'ai des fois l'impression que c'est un lourd fardeau, qui repose sur mes épaules. Je n'ai personne pour m'aider à la soutenir. Pas de compagnons, pas beaucoup d'amis. Je vis la plupart du temps toute seule, sur ces terres. Mes frères, je les vois bien moins souvent. La solitude me colle à la fourrure, je ne l'ais pourtant jamais voulu. La solitude, je l'ai connu pour la totue première fois quand j'ai perdu Bella, ma mère. Je n'avais même plus mon frère pour m'aider... J'étais seule au monde, morte de faim.
Je ne sais combien de temps j'ai erré. Je sais seulement qu'un beau jour, Amala m'a arraché à une mort certaine, m'a recueilli... J'ai lors eu une nouvelle famille, deux nouveaux frères...
Je me demande si Amala n'aurait pas mieux fait de me laisser mourir. J'aurais peut-être du rester étendue auprès du corps de Bella, mourir de faim, de soif, partir la rejoindre, elle, mon frère et ma soeur...
Je trotinais au beau milieu de la jungle. Pour une fois ma petite taille me servais. Grâce à elle je me faufilais dans des recoins étroits, j'étais plus légère, plus agile, et faisais moins de bruit.
L'odeure du sang me tira de mes pensées mauvaises. Une effluve infime, celle du sang d'un de mes congénères. Mais rien de grave. La présence de quelqu'un dans ce monde de solitude me réconforta, et je m'approchais de la grotte à petits pas feutrés. Arrivé à l'entrée, je découvrais un tigre de mon Clan, que je n'avais jamais vu. Il était allongé, semblait dormir.
Je le laissais dormir ou pas? Bon... Je m'approchais de quelques pas, de façon à être à un mètre de lui, m'allongeais sur un rocher et me mis à faire ma toilette...

Le son d'une voix me tira soudain de mes pensées:
"Boujours toi !"
Je tournais la tête vers l'origine de cette voix masculine, vis que le tigre était réveillé et me regardait. Il s'était levé, et je découvris un corps puissant, où je percevais une musculature parfaite.
Le tigre sembla alors déceler ma morosité, et pencha la tête de côté, comme le tigron que je n'étais plus depuis une demi année. Je fermais brièvement les yeux, forgeant un masque autour de moi. LE masque. Habituel, celui que personne n'avait jamais décelé, qui cachait ma douleur et mes réflexions, mes souvenirs... Un masque qui faisait penser que j'étais une tigresse joyeuse, pleine d'humour et de charme, qui avait un caractère de tigron. Je ne savais pas si ce masque, c'était une partie de moi enfouie, qui ressortait quand je le voulais. Car il s'avérait que des fois, cette joie que j'irrédiait me rendait heureuse à moi même, réellement... J'aimais faire rire les autres, je ne voulais pas qu'ils aient de la peine en me voyant. C'était Amala qui m'avait appris à cacher mes émotions... Je la respectais énormément. Elle me manquait.
Je fis alors un sourire au tigre face à moi, et lui dis:

- Salut! Moi c'est Li... Griffe. Et toi? T'es nouveau? Je ne t'avais jamais vu avant...

Des question. La Griffe que tout le monde conaissait posait toujours plein de questions... Gardant mon sourire, j'attendis que l'inconnu me réponde.