Deuxième rencontre... [PV Turag]

Impossible! Où que j'aille il était introuvable. J'avais fouillé toutes les terres de mon Clan, arpenté la prairie, les frontières... Il avait disparu! Les dernières traces que je retrouvais de lui étaient à la sortie du canyon, elles s'éloignaient des terres connues... Etait-ce possible qu'il soit parti? NON! Il n'avait pas le droit! Il n'avait pas le droit de m'abandonner!!! Il n'avait pas terminé ma formation, et si grâce à lui j'avais bien progressé, j'avais appris la patience et d'autres choses, il me manquait un grand savoir pour mettre Endless à terre...
D'un puissant coup de patte je griffais le sol de mes longues griffes, envoyant des giclées de terre et d'herbe en l'air, creusant de profonds cillons... Je piétinais un jeune buisson, griffais le tronc d'un arbre isolé sur ces terres...
J'enrageais. Il m'avait abandonné, il n'avait pas tenu sa promesse, il était parti... Il ne m'avait pas emmené. Mes yeux noirs jetaient des éclairs. Comment avait'il osé?! Il m'avait laissé seul avec moi-même... Lui qui était mon idole, presque un dieu à mes yeux... lui qui m'avait promis de me faire devenir la meilleur... Il avait disparu. Darkill avait disparu.
Je laissais échapper un rugissement de rage. Le ciel était orageux, presque noir alors que nous étions en pleine après-midi. Le soleil avait disparu derrière la masse de nuages. Lui aussi il m'avait abandonné.
Un éclair déchira le ciel, d'une lueur bleuté terrifiante. Il se refleta dans mes yeux, comme une incarnation de ma rage.
Un corbeau se posa sur une branche basse de l'arbre que je venais de griffer au plus profond. Une sève rougeâtre s'écoulait lentement, comme le sang s'écoulant d'une plaie... Mon regard croisa celui de l'oiseau noir. Le souvenir de ma rencontre avec Darkill me revint en mémoire. Ce jour là j'avais failli mourir. C'était la seule fois où j'avais eu peur. C'était il y a cinq mois... Depuis j'avais grandi, énormément gagné en force, en puissance et en rapidité. En agilité aussi. Il fallait dire aussi qu'avec deux entraînements à la fois, je ne pouvais que devenir plus forte. Désormais seul mon père m'entraînait parfois. Alors je m'entraînais toute seule, révisant toute mes techniques d'attaque, en apprenant de nouvelles. TOut en faisant cela je cherchais Darkill. Mais maintenant je n'avais plus aucun espoir. Et tout ça m'énervait. J'avais envie de hurler, de tout détruire, une folle envie de me battre... La chasse et les entraînements seuls ne me suiffisaient pas. J'avais besoin de sentir mes griffes trancher la peau, mes crocs déchirer la chair... sentir des traits de feu brûler sur ma fourrure, me renforcer et me donner des envies ravageuses...
Je me hissais cabrais sur mes pattes arrières, agrippant le tronc le plus haut possible, les yeux rivés dans ceus du corbeau. Puis je traçais huit traits de feus. M'élançant soudain, je laissais derrière moi l'oiseau noir et filais comme une flèche en avant, au milieu des terres de combat.
Je m'arrêtais près d'une flaque d'eau. Je fixais mon reflet, me détaillant. Je n'avais pas tellement changé en fait. Un peu grandi, j'étais plus musclée. Mon physique changeait, mes je retrouvais encore les traits du tigron d'à peine un an. Les même longues pattes, les même yeux noirs d'encre, le même pelage ocre, bien qu'il me semblait avoir foncé depuis. Autour de ma tête comme un collier de fourrure se formait peu à peu. Je ne ressemblais pas vraiment à mon père. Pas du tout même. Je me demandais si je ressemblais à ma mère. A cette idée mes traits se durcirent. De ma patte j'envoyais de l'eau partout, brisant mon reflet...
Soudain j'entendis un bruit. L'odeur de mon clan flottait dans l'air plus que jamais. Je fis volte face, mes yeux jetant de nouveau des éclairs dans une expression qui ne s'affichait d'habitude jamais sur le visage d'un tigron de mon âge. Un mélange de haine, de rage et de satisfaction.
Enfin j'avais trouvé mon occupation...

Je ne connaissais pas vraiment les Terres de combat, mais elles faisaient partie du territoire sur lequel je vivais et tout bon guerrier doit connaitre son territoire par coeur. Un sourire amer se dessina sur mes lèvres. Tout bon guerrier. Je n'en étais pas vraiment un, biensûr j'avais à peine un peu plus de deux ans et je pouvais encore progresser. J'aurai encore pu progresser, si ma mère n'avait pas décidé d'arrêter de m'entrainer. Elle avait décrêté que j'avais atteint l'âge où tous les tigres doivent se séparer de leur mère et se débrouiller seuls. Je savais me battre et me défendre, j'étais musclé et agile, mais je ne faisait pas le poids contre la plupart des tigres adultes. Après tout, à quoi servent les muscles et la souplesse si on à pas la technique ? Ma mère m'avait appris les bases et quelques enchainements, c'était tout. Pourquoi m'avait-elle laissé seul ? M'avait-elle abandonné ? Depuis combien de mois ne l'avais-je pas vue ?
Je continuais à m'entrainer, révisant en boucle ce qu'elle m'avait appris, et mes gestes étaient devenus plus souples et harmonieux, plus précis, j'étais plus rapides mais ça ne suffirait pas si j'étais amené à me battre contre un tigre expérimenté et des tigres expérimentés ce n'était pas ce qu'il manquait.
J'avais toujours eu confiance en maman, mais cette fois elle s'était trompée, mon apprentissage n'était pas fini, loin de là.
Je stoppai d'un coup.
Elle s'était trompée ? Vraiment ? N'étais-ce pas moi qui m'étais trompé ? Qui l'avait mal comprise ? Après tout, elle n'avait jamais dit que j'étais prêt, elle n'avait jamais dit que mon entrainement était fini, elle n'avait jamais dit que j'étais un guerrier. Elle avait simplement dit qu'elle ne m'entrainerait plus, que je devrais me débrouiller sans elle. Maman. Je savais que je pourrai avoir confiance en toi. Il y a beaucoup de tigrons qui sont entrainés par d'autres tigres qui n'ont aucun lien de sang avec eux, qui acceptent juste d'être leurs maîtres. Maman n'avait pas dit que mon apprentissage était terminé, juste que ce n'était plus à elle de m'entrainer. A l'époque j'avais mal interprêté ses paroles, maintenant je les comprenais. Je devais me trouver un autre maître.
Justement l'odeur d'un Rain me parvint, je m'avançai vers mon partenaire de clan. C'était une petite tigresse au pelage très sombre. Mais ce n'est pas son pelage qui retint mon attention. Un regard d'une noirceur effrayante et un mélange d'arrogance et de haine sur les traits. Je n'avais vu ça qu'une seule fois dans ma vie, je ne l'avais rencontrée qu'une fois mais j'aurai souhaité ne plus jamais la revoir...

Un tigre au pelage blanc entra dans mon champs de vision. Il ne devait pas avoir plus de trois ans. Comme moi il était des Rain. Là s'arrêtait la moindre comparaison. Son pelage blanc était rayé de chocolat, tandisque ses yeux étaient ambrés. Il était plutôt fin...
J'arrêtais mon observation, après tout je m'en fichais bien de son apparence. Lui par contre me dévisageait. Je cru voir une lueur d'inquiètude passer dans son regard, et une méfiance qui semblait croître. Je lui fis un sourire démoniaque, mélange de satisfaction et de moquerie.
Je m'avançais jusqu'à lui avec cet air sûr de soi qui ne me quittait jamais, la démarche sûre et arrogante, le regard sadique. A moins d'un mètre de lui je m'assis et plantais mon regard ténébreux dans le sien. D'une voix mielleuse je lui dis:

- Je te fais peur?.. Petit chaton...

J'avais dit ça sans compter qu'il était plus grand que moi. Après tout la taille ne faisait pas tout. Puis, emmettant un ronron amusé je me rapprochais de lui la démarche glissante, roulant les épaules avec un sourire cruel.
Je passais à côté de lui, frôlant son pelage blanc, me frottant presque contre lui. Pourquoi je faisais ça? Je voulais m'amuser un peu... Après tout ce n'était pas souvent que quelqu'un venait me voir. S'amuser un peu avec ses invités, puis après passer au plat principal... Un menu de griffes et de crocs qui me plaisait particulièrement. Mais avant je voulais lui faire peur. Voir de quoi j'étais capable.

Elle me sourit, un sourire malveillant qui n'en était pas vraiment un. Puis elle s'approcha de moi lentement. Sa démarche arrogante n'avait pas changée depuis que je l'avais rencontrée sur la plage blanche, quoique, elle avait encore gagné en assurance. Je remarquais avec une pointe de jalousie qu'elle, elle avait progressé, elle devait sans doute avoir encore un maître pour l'entrainer car elle s'était musclée et je devinai sous sa musculature fine une efficassité mortellement dangereuse.
Elle s'assis face à moi et me lança d'une voix doucereuse :

- Je te fais peur?.. Petit chaton...

En l'apercevant un peu plus tôt, une pointe d'inquiètude m'avait saisi, mais à ces mots mon pelage se hérissa de rage et je lachai un léger feulement de colère. Comment osait-elle me parler ainsi alors que j'étais plus âgé qu'elle ?...Plus âgé mais sûrement pas plus fort, la dernière fois, nous étions de force égale et maintenant elle avait progressé alors que je stagnais. Je savais que mon regard brûlait de colère mais je me contenai, après tout, elle était de mon clan.
C'est alors qu'elle fit quelque chose de très bizzard, elle se rapprocha souplement de moi puis me frôla de si près que nos fourrures se touchèrent. Mais à quoi jouait-elle ? Je savais comment elle était et je restai donc sur mes gardes mais j'étais si troublé par ce comportement étrange que je me raidi, ne sachant que faire je restai immobile.
Je me souvint alors qu'elle m'avait en quelque sorte posé une question et, ne voulant pas qu'elle prène mon silence pour une approbation, je fini par répondre :

_ Autan te demander si tu as peur d'une souris.

Le tigre me semblait en colère. Non il ne semblait pas il était en colère. Pourtant quand je me suis frotté à lui j'ai senti de la frustration, de l'incertitude. Tendu comme un arc, il ne semblait pas comprendre ce qui se passait. Quant à moi un sourire carnassier illuminait mon visage. Enfin il parut comprendre que jelui avais posé une question. En fait je n'attendais pas vraiment de réponse mais bon...
- Autan te demander si tu as peur d'une souris.
Je lui fis un mauvais sourire, mi-figu mi-raison, mes prunelles noires fixant les yeux ambrés de mon interlocuteur.
A ce moment là comme si c'était fait exprès les buissons frémirent, et je sentis l'odeur bien connue d'un lièvre. Passant mon regard mon regard du tigre aux buissons, j'éclatais de rire, un rire qui pouvait sembler de mauvaise augure...pour lui. Je lui fis un sourire cruel.

- Si tu te compares à moi et moi à la souris tu te trompe. A l'inverse de moi tu ne ferais pas de mal à une mouche. Tu es trop faible...

Sur mes derniers mots mon ton avait pris des aspects moqueurs, méprisants...
A cet instant je bondis dans les buissons, si vite et si précipitemment que si j'avais sauté sur le tigre j'étais sûre de le renverser. Mais non ce n'est pas sur lui que j'ai bondi mais bien vers les buissons. Aucune erreur de calcul, lorsque j'aterris je sentis une fourrure douce sur des os fragils. Griffes sorties je les plantais dans la chair du lièvre, profitait de l'effet de surprise pour le saisir par la peau du cou.
Je remmenais le lapin, encore vivant, vers le tigre blanc avec un air charognard et malveillant. Je déposais mon cabaye par terre sans le lâcher, et plantais de nouveau mes griffes dans le corps fragil.

- Regarde. Vois ce qui nous différencie tous les deux. Tu es faible, je suis une gagnante, je n'ai peur de rien, encore moins du sang.

A ces mots je pensais à plusieurs mois auparavant. Je venais de mentir au tigre blanc, car je me rappelais avoir eu peur une fois. Cette fois là j'avais bien faillit mourir, et c'était lorsque j'avais rencontré Darkil...
Dans mes yeux sembla s'embraser une flamme, reflétant du reproche, de la tristesse et de la haine.
Sur ce sentiment, levais une patte meurtrière et l'abaissais aussi rapidement vers ma proie, lui déchirant les flancs, faisant gicler ce liquide vermeil qui m'aspirait tant. Je jetais un regard amusé en direction de l'autre tigre, au même moment où un éclair bleuté zébrait le ciel. Sous ma patte le lapin battait des pattes, tentant d'échapper au prochain supplice que j'allais lui faire subire. De nouveau je le griffais, lui déchirant la peau, la chair... La patte recouverte de sang, je mordais l'animal à l'oreille, tirais... lui arrachant.
De nouveau je regardais mon adversaire. Je sentais qu'il n'aimait pas ça. Dans ce cas, il allait vivre un enfer. Dans ma tête, je me mis à rire...

Un lièvre passa près de nous mais je n'y fis pas attention, trop préocupé par les agissements étranges de la jeune tigresse. Elle me refit l'un de ces sourire qui vous font froid dans le dos puis lacha :

_Si tu te compares à moi et moi à la souris tu te trompe. A l'inverse de moi tu ne ferais pas de mal à une mouche. Tu es trop faible...

Elle bondit si rapidement que je n'eu pas le temps de réagir. De toute façon, je n'avais pas besoin de réagir, se n'était pas sur moi qu'elle sautait. Elle atterri dans un buisson. Elle revint vers moi avec le lièvre encore vivant dans la gueule puis elle le posa par terre et planta les griffes dans sa chaire pour l'empêcher de s'enfuir.

_ Regarde. Vois ce qui nous différencie tous les deux. Tu es faible, je suis une gagnante, je n'ai peur de rien, encore moins du sang.

Elle se mis à lui déchiqueter le flan, l'animal se débattait en poussant de petits cris de douleur, les yeux exorbités par la peur. Elle se pencha, planta ses croc dans son oreille et la lui arracha. J'eu une grimace dégoutée, le sang ne me génait pas, après tout moi aussi j'avais déchiqueté des lapin pour les manger, mais ils étaient morts. Ce qui m'écoeurait c'était la souffrance qu'elle lui faisait endurer, c'était épouvantable de voir ce petit être fragil ainsi torturé alors qu'il n'avait rien demandé. Je lui lançai un regard où se mélangeait le dégoût et le mépris.

_ Tu as raison, nous sommes différents, mais pas parce-que je suis faible, parce-que moi j'ai du respect pour la vie. Tu devrais être plus respectueuse envers se qui te nourrit et te fait vivre. Quel intérêt trouve tu à faire souffrir cette petite proie innoffensive ? Elle ne peut même pas se défendre. C'est lâche et dénué d'intérêt.

Je savais qu'elle pouvait très mal le prendre et que si elle décidait de m'attaquer je ne m'en sortirai pas beaucoup mieux que se pauvre lièvre, mais je lui avais dit ce que je pensai d'elle, maman m'avait appris à être honnête.

Le tigre blanc semblait dégoûté par ce que je faisais. Mais derrière cette première émotion j'en décelais une autre, moins visible... je ne sus pas tout de suite ce que c'était. Après tout je n'en avais jamais lu dans le regard des autres, encore moins à mon égard. Quand je compris qu'il me méprisait, mon regard sembla le fusiller.

- Tu as raison, nous sommes différents, mais pas parce-que je suis faible, parce-que moi j'ai du respect pour la vie. Tu devrais être plus respectueuse envers se qui te nourrit et te fait vivre. Quel intérêt trouve tu à faire souffrir cette petite proie innoffensive ? Elle ne peut même pas se défendre. C'est lâche et dénué d'intérêt.

A ces mots mes muscles se crispèrent. Je jetais un regard empli de haine à mon interlocuteur, laissant ma proie filer en clopinant. Je savais que même si elle s'en allait elle mourrai quelques mètres plus loin.
Ma fourrure se hérissa, ma queue gonflée se balançait dans les airs avec rage. Soudain ma patte fouetta l'air, frôlant le visage du blanc, traçant quatre traits légers sur son museau. Le sang ne coula pas, la griffure n'était que des plus superficielles.

- Tu oses me traîter de lâche?! Certes cette proie ne peut pas se défendre, mais n'est-ce pas mieux de passer ses nerfs sur elle plutôt que sur toi?...

Je m'approchais de lui avec une démarche fluide et silencieuse, le regard glacial... Je me glissais jusqu'à lui, le touchant presque. Je me grandis le plus possible. Seule mon souffle presque inaudible brisa ce silence glacial.

- Tant pis pour toi. Maintenant il est trop tard, mon cher lapin est parti... Maintenant ma proie c'est toi...

Je lui fis un sourire diabolique, ronronnant de contentement, lui jetant un regard cruel et sadique...

Pourquoi est-ce que j'avais dit ça ? Pour sauver un lapin qui, de toute façon, vu les blessures qu'elle lui avait infligées allait mourrir?? J'étais malade !! Complètement dingue !!!! Pourquoi est-ce que je m'étais énervé ? Certes ce qu'elle faisait était révoltant et dégoutant mais moi je l'avais en quelques sortes provoquée !!! Et lorsqu'elle laissa le lapin s'échapper je compris avant même qu'elle me parle que j'étais dans le pétrin. Je regardai l'animal s'éloigner en claudiquant, il allait mourir, j'eu une pensée plaintive mais qui fit pourtant naitre un léger sourir sur mes lèvres tant je la trouvais étrange : Tu vois mon vieux, dans pas longtemps je serais exactement comme toi.
La jeune tigresse leva la patte dans un geste d'une précision calculée et me griffa si légèrement le nez que je ne sentis qu'un tout petit picottement qui ne dura pas longtemps.

_Tu oses me traîter de lâche?! Certes cette proie ne peut pas se défendre, mais n'est-ce pas mieux de passer ses nerfs sur elle plutôt que sur toi?...

Bon, pour la deuxième fois en peu de temps j'étais d'accord avec elle, je n'avais pas du tout envie qu'elle se défoule sur moi. Elle se rapprocha encore de moi et son regard était comme une promesse de mort.

_ Tant pis pour toi. Maintenant il est trop tard, mon cher lapin est parti... Maintenant ma proie c'est toi...

Il n'y a pas de mots pour décrire la façon dont elle me regarda, mais quand je croisai son regard je ne pus m'empêcher de reculer. Comment une tigresse plus jeune que moi pouvait-elle me faire peur ? Car, en effet je commençais réellement à m'inquièter pour ma peau. J'inspirai un grand coup et tentai de la détendre en lui offrant un sourire faussement amical. Mais au fond, je savais que j'étais dans le pétrin...

Le tigre blanc a reculé. Il n'y avait pas de doutes, il avait peur. Peur de moi. La satisfaction ne passa même pas sur mon visage. Mon esprit débordait déjà de rage, de haine et de cruauté. Dans mes yeux se réflétait une lumière inquiètante. Un grognement s'échappa de ma gorge, je feulais, révélant mes crocs, les oreilles couchées en arrière. J'étais pleine de rage, de haine, et tendue comme une ressort. Tout ce que je ressentait.. ma haine envers cet inconnu et envers Darkill, cette déception qu'il soit parti, ma rage envers le tigre blanc, cette sensation de manque depuis que Darkill m'avait abandonné, ce besoin de me battre, de me défouler sur quelqu'un, de courir jusqu'à ne plus en pouvoir, au-delà même... tout ça bouillait en moi, n'attendait qu'une seule chose, exploser...
Un éclair jaillit dans le ciel.
Comme un signal, je bondis. Atterrissant sur le dos du tigre blanc, je lui labourais le dos et les flancs de coups de griffes. Avant qu'il puisse riposter je me dégageais, sautant de côté. Je chargeais de nouveau, le percuttant de plein fouet dans le but de le renverser. Tout n'était plus que fureur. Dans ma tête le sang régnait. La rage aussi... intérieurement j'hurlais... un nom...Darkill...

Elle feula, je lut dans ses yeux une rage immense tellement grande que je n'aurais jamais imaginé qu'elle puisse exister chez un tigron. Je savais que j'y étais pour quelque chose, mais il n'y avait pas que moi, elle souffrait déjà avant que j'arrive, sinon pourquoi ce buisson labàs serait-il aussi griffé et pourquoi aurait-elle laissé de la résine sur ma truffe en me griffant si ce n'était pas elle qui l'avait massacré ? Pourquoi s'en serait-elle pris à ce lapin juste parce-que je m'étais en quelques sortes comparé à elle ?
J'oubliais un instant la rage qui flamboyait dans ses yeux et qui me donnait l'impression qu'elle était un monstre de cruauté pour me conscentrer sur les traits du tigron qu'elle était. A son âge elle ne devrait pas être ainsi, elle devrait jouer avec les feuilles mortes, rigoler pour un rien, se cacher, être émerveillée par les nouvelles choses qu'elle découvrait chaque jour. Mais ce n'était pas le cas, pas besoins d'être voyant on surdoué pour le deviner. Elle devait sans doute avoir eu une enfance horriblement difficile pour devenir ainsi, n'avait-elle jamais connu de l'affection ? Savait-elle ce que c'était d'être aimé ? Et d'aimer en retour ?
Je ne connaissais pas la tigresse qui ce tenait devant moi mais j'étais sûr que la réponse à ces questions était non.
Comment lui parler ? Comment lui expliquer que la violence et la colère n'étaient pas la solution à sa frustration ? La convaincre d'accepter les autres sentiments, bien meilleurs, qu'elle avait enfermé en elle ? Que c'était en les acceptant que les autres l'accepteraient elle ?
J'ouvrit la bouche pour essayer d'exprimer mes pensées lorsqu'elle me bondit dessus. Elle enfonça ces griffes dans mon dos et mes flancs et entrepris de réduire en bouillie. Elle m'avait pris au dépourvu et lorsque la douleur jaillit le seul réflexe que j'eu fut de hurler, ce qui n'allait pas me sortir d'affaire. Puis elle sauta sur le coté, je me relevai rapidement prêt à me défendre ce coup-ci mais je m'étais à peine remis sur mes pattes qu'elle me percuttait déjà et malgrè sa petite taille elle réussi à me faire rouler. Je me relevai d'un geste souple et rapide et sur mes gardes, avant qu'elle ne me rattaque, fichai mes yeux dans les siens après y avoir fait disparaître tout sentiment et déclarai simplement:

_ La violence et la colère ne servent qu'a oublier les problèmes, pas à les résoudre.

Malgré les coups que je lui avais portés le tigre blanc n'essayait même pas de riposter. Je fronçais les sourcils au moment où je le percuttais de toutes mes forces. Mon adversaire roula avant de se redresser. Je m'attendais à une attaque rapide de sa part, en guise de vengeance ou de réplique, mais il ne feint même pas de bondir sur moi. Il me regarda dans les yeux, avant de me dire avec calme.

-La violence et la colère ne servent qu'a oublier les problèmes, pas à les résoudre.

Mes muscles se contractèrent, tremblants. Mon visage se crispa, tandis que mes griffes rentraient et sortaient tour à tour. Pourquoi ne voulait-il pas se battre? Mon sang bouillait. Tout ce que je souhaitais c'est faire passer ma rage dans ce combat... Mais si l'autre tigre ne tentait même pas de se défendre c'était de l'injustice, de la lâcheté à l'état pur. Je ne souhaitais pas le tuer... juste me défouler, lui montrer de quoi j'étais capable, oublier mon coeur embué, laisser ma fureur se déverser, pour qu'elle ne soit plus pleine à en déborder au fond de moi. Me déchainer...Sang et griffes, douleur et difficulté... le tigre blanc avait raison... tout ce que je voulais c'était oublier. Pourquoi ne me l'accordait-il pas?
Je regardais l'autre dans les yeux, la peine se lisant sur mon visage... Mes griffes labourèrent la terre meuble. J'explosais dans un cri plein de fureur et de consternation...

- Et alors! Qu'est-ce que ça peut te faire? Mêle toi de tes affaires et bas-toi!! Pourquoi refuses-tu de te battre?! Pourquoi... C'est TOUT ce que je veux! Bas-toi! Bas-toi!

Ma patte, les griffes sorties, fouetta l'air à quelques centimètres du visage du tigre blanc. Je le regardais dans ses yeux ambrés... De nouveau mon visage se durcit...

Elle se crispa, elle savait que j'avais raison. Elle tremblait, tendue comme un arc, prête à craquer. Sa peine devait être immense vu l'état dans lequel elle était, comment arrivait-elle à la contenir ? en captant l'éclat du fureur dans son regard j'eu l'impression que son esprit torturé allait l'abandonner laissant la place à de la folie, je crus qu'elle allait s'éffondrer sous le poid du chagrin. Qu'est-ce qui avait put lui arriver pour paraître si torturée ?

_ Et alors! Qu'est-ce que ça peut te faire? Mêle toi de tes affaires et bas-toi!! Pourquoi refuses-tu de te battre?! Pourquoi... C'est TOUT ce que je veux! Bas-toi! Bas-toi!

Je détournai le regard et maudit de tout mon être ceux qui lui avaient fait ça.
Je l'avais prise pour un monstre cruel qui aimait voir le sang et la souffrance mais je comprennai maintenant que je m'étais trompé. Elle était cruelle, mais elle l'était seulement pour cacher sa peine et pour oublier les malheurs que lui imposaient la vie. Elle n'était qu'un petit tigron sur lequel le destin s'était acharné. D'un certain coté, j'espérais avoir raison car ça signifiai qu'elle n'avait pas un mauvais fond, alors que si je me trompais, ça voulait dire qu'elle était réellement un monstre.
Je relevai les yeux et soutins son regard, je ne prononçai rien, mais mon regard devenu chaleureux fit passer le message. Je ne me battrai pas.

Le tigre blanc me regardait avec un calme qui me déconcertait de plus en plus. Sur mon visage passa diverses expressions. La fureur, la haine... puis l'incompréhension, la tristesse, un semblant de ce qui devait s'appeler la peur... mon regard se perdit sans la vague, avant de se river dans celui ambré du tigre blanc. Les oreilles en arrière, la mine accablée, je murmurais...

- Pourquoi...

Je poussais un miaulement pitoyable en guise de rugissement, ma voix s'étouffant pour ne laisser passer qu'un petit cri aiguë. Mes griffes labourèrent la terre. Un souffle de vent passa, je restais immobile, le visage crispé.
Mon sang bouait, mes muscles n'attendaient qu'un signal pour m'élancer en avant, pour me déchaîner. Pourtant quelque chose m'en empêchait. Une détresse profonde que je voulais oublier par dessus tout s'emparait de moi. "Tu es faible, tu te laisses embobiner par cet importun..." La voix de Papa avait surgit dans mon esprit, méprisante. A entendre ce ton employé envers moi, je me recroquevillais sur moi même. Soudain je laissais échapper un cris. Je ne pouvais plus supporter de voir ce tigre blanc, trop impassible. Je lui jetais un regard ravageur et déchirant avant de m'enfuir comme une furie. Où est-ce que j'allais? Je ne savais pas vraiment. Loin. Loin de ce tigre blanc...
*Darkill, où es-tu? Sans toi je suis comme anéantie...J'ai besoin de toi... *

Son regard perdu se riva sur moi.

_ Pourquoi...

Ces mots ressemblaient plus a une prière qu'à une question, je n'étais même pas sûr qu'ils me soient destinés. Elle poussa une sorte de rugissement qui sonnait plus comme un miaulement. Elle était tendue et paraissait perdue, frustrée et en colère. Elle se recroquevilla comme si quelqu'un osait la juger dans un moment pareil puis poussa un cri déchirant. Elle me fusilla du regard comme si elle avait put me tuer en esprit et je sais que si elle avait put le faire, ma mort aurait été longue et douloureuse. Après ça elle tourna les talons et s'enfuit comme si elle avait le diable à ses trousses.
Je regardai longtemps l'endroit où elle avait disparue, soulagé que ça se soit terminé comme ça, après tout, j'avais bien cru que je ne vivrai pas un jour de plus. Je fis moi aussi demi-tour, je n'aimais pas beaucoup cette endroit. Et puis, je n'oubliai pas que je devais me trouver un mentor.

Deuxième rencontre... [PV Turag]

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