Je m'avançai au bord de l'eau. J'aimais bien la mer, cette eau agitée qui tente de nous emporter au loin puis qui nous ramène. Même si on ne dirait pas, réussir à nager avec les vagues, c'est un vrai entrainement pour l'endurance, courrir dans le sable aussi d'ailleur. Je m'étais avancé dans l'eau et je n'avais maintenant plus pied, les vagues tentaient de m'emener, puis elle me repoussaient vers le sable. Je tentais de résister du mieux que je pouvais et je découvrit avec plaisir que j'avais bien progressé. Je nageai encore un bon moment puis quand je fus épuisé, je me décidai à sortir. L'eau ne m'arrivait plus qu'à mi-pattes quand j'aperçu un banc de petits poissons. Je m'immobilisai, et fléchi les pattes, attendant le bon moment pour sauter. Quand le banc passa à quelques mètres de moi, je bondit. Je raterris dans un gerbe d'éclaboussures, mais pattes avant où s'était tenu un poisson quelques secondes plus tôt. Le banc s'était dispercé, transformé en une multitude de petits éclairs argentés qui disparurent avant que j'ai pu réagir. Ils avaient encore une fois été trop rapides, il faudrait vraiment qu'un de ces jours je m'entraine à la pêche. Quand enfin je sortis de l'eau, je m'appliquai à rester sur le sable mouillé, je n'avais aucune envie de me brûler les pattes. Je me souvins de la première fois que j'étais venu ici, c'était avec ma mère, elle m'avait entraîné à me battre dans le sable, et ce n'est vraiment pas évident. On se brûle les pattes et on s'enfonce rien qu'en marchant alors pour ce qui est d'un combat.
D'ailleur, ça faisait un moment que je n'étais pas allé voir ma mère il faudrait que je...
J'interrompis le cours de mes pensées, je venais d'apercevoir un tigron qui s'avançait dans l'eau. Je ne l'avais jamais vu, et de loin, il me paraissait vraiment petit, ce n'était pas prudent de le laisser seul au bord de la mer, il pouvait facilement se noyer. Je m'élançai vers lui.
_ Fait attention aux vagues !

_Aaaaah !!!!
Le sable brûlant s'était glissé dans ma fourrure et me faisait souffrir, je me relevai d'un bond et courru jusqu'au sable mouillé les poils ébouriffés et la queue gonflée. Le tigron s'était retourné et m'avait foncé dessus. Et moi, comme je ne m'attendais pas à une telle agressivité, je n'avais même pas eu le temps d'esquiver. Mais il, non, elle était complètement tarée !
_Qui t'es? Et pourquoi tu m'espionnes?
Je regardais la petite qui se tenait devant moi, qui n'était d'ailleurs pas si petite, elle s'était mise en position de combat et était pleine d'assurance, elle me foudroyais du regard. Il frisson de colère me parcouru, comment osait-elle me regarder ainsi alors que je n'avais fait que la prévenir de se qui pouvait être un danger, et que j'étais plus grand qu'elle ? Et en plus elle m'accusait de l'espionner ! Elle était parano ! Je ne me mis pas en position de combat, ce n'était pas la peine. Et puis, même si son arrogance m'énervait, s'était un tigre de mon clan.
En répondant j'essayais de rendre ma voix plus calme, de l'empêcher de trembler de colère mais son allure fière et provocante m'en empêcha.
_Je vais faire comme si j'avais oublié que tu viens d'attaquer un tigre de ton clan. Et puis j'ai mieux à faire que d'espionner des chatons qui ne savent même pas que l'eau de la mer est salée. Ensuite de connaître mon nom ne te servira à rien puisque, vu le merveilleux accueil que tu m'a fais, je conte m'en aller et je n'ai aucune envie de te revoir. Mais une dernière fois, fais attention aux vagues, même si tu sais bien nager elles t'épuisent vite et t'emporte au loin. Si tu te nois on ne pourra pas dire que je ne t'avais pas prévenue.
J'avais volontèrement employé un ton un peu prétencieux pour répondre à sa provocation.

Le tigre s'empressa de revenir près de l'eau, en hurlant. Dans ma tête, je rigolais, mais mon visage était plein de fureur. Le pelage gonflé, le tigre en face semblait deux fois plus gros. Sa ne me faisait toujours pas peur. De toutes façons, je n'ai jamais eu peur de rien. *sauf de Darkill* souffla une voix dans ma tête. Puis, enfin, le mâle me répondit, avec un ton que je n'appréciais pas du tout.

-Je vais faire comme si j'avais oublié que tu viens d'attaquer un tigre de ton clan. Et puis j'ai mieux à faire que d'espionner des chatons qui ne savent même pas que l'eau de la mer est salée. Ensuite de connaître mon nom ne te servira à rien puisque, vu le merveilleux accueil que tu m'a fais, je conte m'en aller et je n'ai aucune envie de te revoir. Mais une dernière fois, fais attention aux vagues, même si tu sais bien nager elles t'épuisent vite et t'emporte au loin. Si tu te nois on ne pourra pas dire que je ne t'avais pas prévenue.

Un feulement roque sortit de ma gorge, mon pelage se hérissa complètement à son tour, me faisant paraître deux fois plus grande et large. Ma queue se balançait de gauche à droite, agitée de sourbressauts. Je révélais mes crocs aiguisés, sortis mes griffes pour de bon.

- Comment est-ce que tu oses me parler comme ça?!

Papa, lui, n'aurait même pas attendu qu'il finisse sa phrase pour se jeter sur lui. Il ne l'aurait même pas mis en garde...Mais je me disais que si Darkill avait fait pareil ce matin, je serais morte. Et moi, j'avais pas envie de mourir, alors que j'avais encore plein de choses à faire.
En moins d'une demi seconde, j'étais passée de l'immobilitée totale à une vitesse allucinante, dévorant la distance qui me séparait de l'autre en quelques instants. Je n'attendis pas, lui griffant l'épaule, je passais derrière lui et tentais de lui mordre la patte arrière.

- Comment est-ce que tu oses me parler comme ça?!
Comment moi j'osais lui parler comme ça ? Mais es-ce qu'elle avait vu comment elle m'avait parlé ? Je m'aprêtais à lui lancer une réponse singlante quand elle me fonça dessus, si rapidement qu'elle avala en quelques secondes les deux ou trois mètres qui nous séparaient. Elle me griffa sauvagement l'épaule et sauta vers mes pattes arrières. je sautais vers l'avant et me retournais pour être face à elle, réfléchissant à toute allure à la tournure des évènements. C'était une tigresse de mon clan, mais si elle m'attaquait, je ne me gènerais pas pour en faire autant. Mais je ne devais pas la sous-estimer, elle devait avoir à peine un an de moins que moi, et elle était rapide, très rapide. De plus j'avais vu jouer ses muscles fins sous sa peau. Mon regard sur la tigresse qui se tenait devant moi changea, il devint plus attentif : il était possible qu'elle ai reçu un meilleur entrainement que moi, ma mère m'entrainait depuis que j'étais très jeune, car elle ne voulait pas que je finisse comme mon père, mais elle était restée raisonnable, lorsque après des heures d'entrainement j'étais trop épuisé elle me laissait tranquille, mais il y a des parents qui entrainent leurs petits jusqu'à ce qu'ils ne tiennent plus debout. C'était peut-être le cas de cette jeune tigresse, et je devais donc me méfier, il était possible qu'elle soit plus douée que je ne le pensais. Mais il me restait un avantage : ma mère m'avait entrainé à me battre dans la sable, j'avais donc deux solutions, soit l'entrainer sur le sable brûlant, bien qu'elle soit rapide, sans entrainement elle aurait du mal, soit l'entrainer dans l'eau. J'optais pour la première solution.
Mais ce ne serait pas facile, elle était forte, je devais trouver une tactique. Je me détendis comme si j'abandonnais ma garde de combat, mais j'étais prêt à une nouvelle attaque, et je m'avançais vers elle d'un air non-chalant comme si je ne prenais aucune précaution, la trouvant trop faible.

- Tu abandonnes déjà? Sal lâche!
Bim ! Tombée dans le panneau ! Je souris interrieurement, un sourire qui finis par se dessiner sur mes lèvres lorsqu'elle poussa un miaulement ridicule. Tous ses muscles étaient contractés, elle allait sûrement attaquer. Je me préparais à esquiver. Lorsqu'elle bondit j'étais prêt, je fis un bond de coté tout en avançant de manière à ce qu'elle se retrouve derrière moi, la griffure qu'elle m'avait faite un peu plus tôt me fit grimacer en se rappelant à moi. J'avais tout bien calculé pour l'éviter et pourtant, elle était si rapide qu'elle réussit sans doute à m'arracher une touffe poils sur le haut de la cuisse avant de de raterrir derrière moi comme prévu, car je sentis une douleur lancinante avant de bondir sur elle pour l'envoyer dans le sable brûlant.

Zut! Le tigre m'avait esquivé avec rapidité et agilité, sa retraîte n'était en fait qu'une ruse. Je réussis tout de même à lui arracher une touffe de fourrure, et atterris avec souplesse derrière le tigre, faisant immédiatement volte-face. C'est là que je vis le tigre bondir sur moi. Il était trop près pour que je puisse l'éviter. Alors, je me préparais au coup, contractant tous mes muscles, l'attendant de patte ferme, les griffes sorties, puis, avant qu'il me percute, j'ouvris grand les pattes pour m'agripper à lui. Je fus projetée en arrière, toujours agrippée à mon adversaire, qui partit lui aussi vers le sable rendu brûlant par le soleil.
J'atterris brusquement sur le sol, ne faisant pas attention à la douleur, libérais l'autre de mon étreinte pour le laisser a son tour sur le sable, fis trois bonds jusqu'à que l'eau de la mer vienne me lécher les pattes. La douleur du sable chaud était encore présente, aussi je m'enfonçais un peu plus dans l'eau, jusqu'à qu'elle m'arrive au ventre. Je me retournais pour faire face au tigre. Il m'énervait de plus en plus celui-là...

- Allez! miaulais-je. Viens te battre espèce de débile!

A côté de moi, une grosse vague s'échoua sur la plage. Elle aurait pu m'avaler d'un coup, mais je m'en fichais. Elle ne m'avait pas attrapé, c'était l'essenciel. J'attendais l'autre tigre dans ma posture d'attaque habituelle, de plus en plus énervée.

J'avais réussi à l'envoyer dans le sable sauf qu'elle m'avait entrainé avec elle. De toute manière, j'avais prévu de l'y rejoindre, pour lui exploser la figure, mais pas de cette façon. Tout comme il n'était pas prévu qu'elle retourne près de l'eau. Mais elle m'avais lâché dans le sable et était retournée sur le sable mouillé, jusque dans l'eau. Je m'étais relevé et, comme me l'avait appris ma mère, je frotais rapidement mes pattes sur le sol pour qu'elles s'y enfoncent de quelques centimètres. Le sable était brûlant à la surface, mais en-dessous la température était suportable, et mes coussinets, la partie la plus sensible de mes pattes, était à l'abris. Pour le reste, je devais serrer les dents.
- Allez! Viens te battre espèce de débile!
Je ne répondis pas mais pris le temps d'étudier sa position, et il fallait admettre qu'elle était quasi-parfaite. Si j'attaquais de face, je n'avais aucune chance de l'atteindre, et il me fallait l'entrainer là où elle n'avait pas pied. Je bondis,fis un long saut, mais comme prévu, je ne raterris pas sur son dos. Mes pattes touchèrent le sol devant elle, mais assez loin pour qu'elle ne puisse pas me toucher en tendant la patte. J'avais à peine retrouvé le contact du sable que je bondissais de nouveau sur le coté, puis fis un troisième bond pour m'attaquer à ses flancs.
Mon dernier bond, comme les deux précédents fut rapide, pourtant j'eu le temps de constater avec plaisir que le temps s'était couvert et que la mer commençait à s'agiter.

Elle m'esquiva en roulant, ce qui aurait été très éfficace si on avait été hors de l'eau. Elle m'avait peut-être évité mais elle avait bu une bonne tasse d'eau de mer.
Je retint à grand peine un éclat de rire moqueur lorsque je la vis remonter à la surface pour se refaire entrainer vers le fond. Mais cette fois si elle mit du temps avant de regagner la surface et ne la voyant pas reparaître, je commençais à m'inquièter. Elle avait beau m'avoir provoqué et mis hors de moi, elle ne méritait pas la mort. Après avoir hésité, je décidais d'aller l'aider, je commençai à nager vers l'endroit où elle avait disparut. A ce moment je la vis remonter un peu plus loin, au même instant je vis une énorme vague arriver sur moi et je compris que je ne pourrais pas l'éviter. Elle me frappa avec puissance et m'entraina dans tous les sens jusque là où mes pattes ne touchaient plus le sol. Je réussi à remonter à la surface et entrepris de lutter contre la mer. Mais ma mère ne m'avait jamais appris à nager dans une eau aussi déchaînée. Je parvint tout de même à rester une peu à la surface, je cherchais la tigresse des yeux, mais je ne la vis pas, en revanche mon regard tomba sur une digue de rochers. Qui était loin, très loin, au large. Mais forces m'abandonnaient. Une vague me fit boire la tasse. Les battements de mes pattes ralentissaient, et la blessure que m'avait fait la tigresse au-dessus de l'épaule me faisait souffrir. N'ayant plus de forces, je m'abandonnais aux vagues, espérant de tout mon être pour qu'elles m'entrainent vers la digue. J'eu une dernière pensée pour la jeune tigresse, elle allait mourir, et c'était de ma faute. Une vague m'engloutit.

Je ne pouvais plus respirer, j'avais arrêter de me débattre, la mer était trop forte pour moi. J'attendais un miracle qui me sortirait de cet enfer, un miracle ou peut-être la mort. Le froid avait engourdi mes membres, et mon esprit devint lent, j'avais de plus en plus de mal à réfléchir. J'avais l'impression d'être dans un état second. Finalement, sous l'eau le bruit des vagues était atténué, je flottais, me faisait baloter au milieu d'une étendue liquide, et, s'était plutôt paisible. Je fermai les yeux, mes poumon me brûlaient, j'avais envie inspirer, mais je ne pouvais pas. Soudain, le rythme des vagues devint plus soutenu, comme lorsque les vagues viennent s'écraser sur la plage. Une vague puissante me projeta contre une surface dure comme de la pierre, je ne pus retenir un hurlement et ma bouche s'emplis d'eau. Alors que j'étais entrain de m'étouffer, la vague me remena contre se qui m'avait fait mal, c'était un rocher. Je réussis à me isser dessus et quand l'air entra dans mes poumon, je me mis à tousser, et toute l'eau que j'avais respirée sortit de mais poumons. Je tournai la tête, et si j'avais eu assez de force, je pense que j'aurais sursauté. J'étais sur la digue que j'avais aperçu un peu plus tôt. Le courrrant était si fort qu'il m'avait emmené jusqu'ici. Je m'avançais vers le centre pour m'éloigner de l'eau, je me couchai et entrepris de me lècher la fourrure pour me sècher, me réchauffer et enlever le sel.

J'ouvri les yeux, j'étais allongé sur un rocher, mais j'étais où là ? Puis soudain je me souvins, l'attaque de la jeune tigresse, la quasi-noyade, l'arrivée brutale contre la roche. Finalement, j'étais si épuisé que j'avais fini par m'endormir, un long moment d'ailleurs puisque le soleil était entrain de se coucher. Pourtant je ne me sentais pas reposé. Je me ressaisis, la mer avait baissé, je devais pouvoir regagner la plage sans trop de difficultées. Je me levai avec présipitation, et poussais un hurlement de douleur avant de retomber au sol. Ma patte arrière était engourdie, et surtout elle me faisait terriblement mal, la douleur était insuportable. Pourtant je réussi à me placer sur le coté de manière à pouvoir regarder ce qui n'allait pas. Je retins un hoquet de dégoût lorsque je découvris qu'au niveau de ma cuisse, mon pelage avait abandonné son blanc éclatant pour adopter un rouge malsaint. Au milieux de cette fourrure vermeille s'ouvrait une large blessure d'où provenait le sang. Le rocher, c'était lorsque les vagues m'avait fracassé contre le rocher que je m'étais blessé. Tentant d'ignorer la douleur j'entrepris de nettoyer la plaie. Malgré son aspect effrayant, je fus soulagé de découvrir qu'elle était moins profonde que je ne l'avais pensé. Cette découverte ne diminua pas la douleur qui irradiait ma patte. Quand enfin, elle me paru propre, mais pensées revinrent sur la tigresse. Les vagues entrainent toutes dans le même sens, et comme la digue paraissait longue, il était possible qu'elle ai réussi elle aussi à se isser hors de l'eau. Je me sentais responsable de ce qui venait d'arriver, je n'aurais pas dut répondre à la provocation d'une gamine. Je me sentais responsable de ce qui venait d'arriver et je me sentais responsable d'elle, du moins, tant qu'elle n'aurait pas regagné la plage. Pour peu qu'elle ne... Non ! Si elle était morte, je ne me le pardonnerais pas !
En serrant les dents pour ne pas hurler, je me mis lentement debout. Et avançant prudemment pour ménager ma cuisse, j'entrepris de la chercher, en espérant de tout mon coeur que j'allais la trouver.
Quand enfin je découvris son corps inerte, étendu sur le sol, la nuit était tombée. Je m'approchai, la gorge nouée, et me penchai vers elle. Je perçu avec soulagement le souffle de sa respiration. La peste était vivante ! Mais quand elle dormait elle ressemblait plus à un petit qu'à la peste qu'elle était. Je m'éloignai pour aller m'allonger sur un rocher assez loin d'elle mais où je pouvais toujours la voir. J'observai les alentours pour m'assurer qu'on était en sécurité, bien qu'en cas de danger j'aurais été incapable de me défendre. La mer n'allait surement pas tarder à remonter mais, l'aurai-je voulu, j'aurais été incapable de nager avec ma patte meurtrie et l'épuisement qui pesait sur moi. Je posai la tête sur mes pattes et m'endormi.

Un feulement me réveilla, la petite peste se tenait devant moi, le pelage hérissé, avec son air arrogant qui, apparammant, ne la quittait jamais. Je poussais un soupir, elle ne pouvait vraiment pas s'empêcher de jouer à la jeune guerrière rebelle et solitaire...Lamentable. J'eu une horrible envie de l'envoyer se baigner encore une fois pour rigoler un peu, maintenant que la mer s'était calmée. Non ! Je ne devais pas céder au premier caprice qui me traverserait la tête, de plus j'avais décidé que je la ramènerais saine et sauve sur la plage. Mais elle pouvait très bien être vivante tout en étant un peu amochée... Non j'étais le plus âgé, elle était donc sous ma responsabilité et je devais la ramener dans le meilleur état possible. En plus avec l'état de ma patte, il fallait l'avouer, j'aurais vraiment beaucoup de chance si j'arrivais à la surprendre, et sans la surprise je n'avais aucune chance de la battre. Je me levai péniblement en serrant les dents pour éviter que la douleur ne me fasse hurler et en essayant de lui dissimuler à quel point j'avais mal. Je me mis en garde, au cas ou elle aurait décidé de m'attaquer bien que j'eu peu de chance de lui résister longtemps, tout en m'efforçant de ne pas paraître agressif, ce n'était pas la peine de chercher la confrontation. Puis je plantais mes yeux dans les siens:
_ Surtout caches pas ta joie. Si ça peut te rassurer, je suis aussi heureux de te revoir que tu l'est de me retrouver. Puis je me repris, je ne devais pas m'énerver. Enfin, j'aurais bien fini ce qu'on avait si bien commencé, mais bon j'en vois franchement pas l'interêt, ce serait débil. Je me désinteraissai d'elle et tournai la tête pour scruter les pierres. Je me demande si y a de quoi manger ici, j'ai faim.
Je dûs faire un mouvement trop brusque en me retournant car la blessure de ma patte se remis à saigner, je fis une grimace de douleur. Ca va, je ne saignais pas trop et j'avais peut-être une chance pour qu'elle ne s'en aperçoive pas, je lui jetais un coup d'oeil en espérant qu'elle ne s'était pas rendue compte de ma faiblesse, avec cette folle il ne vallait mieux pas qu'elle la remarque, on ne sait jamais comment elle pourrait réagir.

Le tigre se réveilla en soupirant, me regarda et eut l'air de réfléchir. Puis, après un moment qui me parut une éternité, à attendre qu'il attaque, en posture de combat, il planta ses yeux orangés dans les miens.

-Surtout caches pas ta joie. Si ça peut te rassurer, je suis aussi heureux de te revoir que tu l'est de me retrouver.

Je fus vexée par ses paroles, et feulais de plus belle. Puis le tigre continua d'une voix plus calme:

- Enfin, j'aurais bien fini ce qu'on avait si bien commencé, mais bon j'en vois franchement pas l'interêt, ce serait débil.

Je me calmais alors, baissant une oreille, relevant l'autre, m'assis sans pour autant me détendre. J'étais toujours prête à ne attaque surprise. Le tigre tourna alors la tête, ne prenant plus garde à moi. Cela m'énerva. Je n'aimais pas qu'on me voie au deuxième plan, préférais voir l'attention des autres rivée sur moi. J'eus envi de le renverser par terre, me retins alors qu'il disait:

- Je me demande si y a de quoi manger ici, j'ai faim.

Je baissais de nouveau les oreilles, énervée. J'avais l'impression qu'il m'avait oublié. Il se détourna de moi, se retourna vers l'arrière pour vérifer ce qui devait être une coupure. Il me jeta un bre coup d'oeil, ce que je n'aimais pas. Il se méfiait de moi, je me méfiais tout autant de lui. Qui serait le premier à bondir?
Soudain, je cédais à mes pulsions, bondis à la vitesse de l'éclair, renversais le tigre blanc au sol. Les yeux rivés dans les siens, je m'apprêtais à le mordre, lorsque je regardais le soleil en face, qui était presque endormi.
L'image de Papa se réveilla dans ma mémoire, je reculais sur les pierres.

- Il faut que je parte... Papa va être en colère...

Ma voix n'avait été qu'un murmure, pourtant je pensais que le tigre blanc m'avait entendu, même si ces paroles n'étaient pas vraiment dites pour lui.
Je lui lançais un regard plein de haine, avant de faire volte face et de bondir sur d'autres pierres un peu plus loin. Je m'arrêtais soudain, et lançais un dernier regard à l'autre tigre.

- Ce n'est pas fini! La prochaine fois que je te vois, t'es mort!

Puis je repris ma course, une course contre le temps qui était déjà perdue. Qu'allait dire Papa? Il allait encore être énervé, il allait encore me crier dessus et sûrement me mordre... Tant pis, j'en avais un peu l'habitude.
Quittant la digue de rochers, je fonçais comme une fury sur la plage, et disparus dans les arbres...

Elle me détestait autant que je la destestais, peut-être même plus, ça se voyait dans ses yeux. Ce que je dit ne parut pas lui plaire, pourtant j'avais essayé de paraître sympa. Ce n'est pas que ça ne parut pas lui plaire, c'est que ça ne lui plus pas...du tout. Elle me bondit dessus et me renversa sans difficultées. Elle planta ses yeux dans les miens - tiens, je n'avais pas remarqué que ses yeux étaient noirs, mais vraiment noirs, comme deux puits sans fond donnant directement sur les ténèbres - et laissa paraître ses crocs, prête à me mordre. Je levais une patte pour pouvoir me défendre lorsqu'elle releva la tête. Je suivis son regard, elle fixait le soleil qui était quasiment couché puis elle me libéra.
_ Il faut que je parte... Papa va être en colère...
Elle avait murmuré mais je l'avais parfaitement entendu. Il me semblait que, pendant une fraction de seconde, sa voix avait tressaillie, comme si elle avait peur de son père. Mais le regard haineux qu'elle me lança me fit comprendre que j'avais rêvé, elle était trop sûre d'elle. Puis elle bondis sur les pierres qui s'étendaient derrière elle, elle se retourna vers moi.
_ Ce n'est pas fini! La prochaine fois que je te vois, t'es mort!
Cette fois, je n'avais aucune envie de rire, je n'avais pas peur mais je n'aimais pas cette situation. Pourquoi fallait-il tout le temps que je me fourre dans le pétrin ?
Mais pensées s'interrompirent, je venais de découvrir un détail essenciel, du coté où la jeune tigresse était partie, là où je n'étais pas encore allé, la digue rejoignait la plage. Je n'avais pas besoins de nager, je pouvais donc retrouver la terre ferme tout de suite. Je me mis en marche. Il y avait quand même une longue distance entre le lieu où j'étais et la plage et à cause de ma patte, lorsqu'enfin je rejoignis le sable la nuit était bien entamée. La température du sable avait baissée et il n'était donc plus très difficile de s'y déplacer. Je retrouvai le couvert des arbres et m'allongeai à l'abris dans un coin confortable. Je pris le temps de bien nettoyer une nouvelle fois ma blessure et constatais avec satisfaction qu'elle avait l'aire de bien cicatriser, elle allait sans doute guérir plus rapidement que je ne l'avais pensé. De la où j'étais on entendait encore la mer et je m'endormis en écoutant le roulis des vagues.