Je veux savoir... [PV Matahari]

Je veux savoir

Je ne pense pas que j'aurais dû venir ici. Oui, c'était bien la première fois que j'enfreignais les règles du Clan. Pour une fois... Mais je m'étais laissée portée par la curiosité, cette horrible tentation qui nous poussait vers les endroits inconnus, parfois interdits.... comme les terres des Suns, où je me trouvais en ce moment même. Certes, j'avais souvent longé la frontière pour me rendre directement dans la prairie, mais jamais j'avais réellement pénétré sur des terres ennemies. C'était interdit. Je n'aurais jamais dû m'éloigner de mon territoire, c'était mal d'enfreindre les règles de son propre Clan.
*Et les règles, lorsque tu tueras Endless, tu les respecteras peut-être? Lorsque tu prendras sa place, lorsque tu chasseras tous tes opposants...Tu respecteras les règles, seras-tu vraiment loyale à ton clan en faisant ça?*
Mon expression se durcit. Je ne pouvais pas remettre en cause ce que me disait Papa. Si il me disait que pour être respectée de tous il fallait éliminer ses ennemis, je le ferai. Mais l'idée de tuer un autre tigre me répugnais. Je ne savais pas pourquoi. Peut-être parce que j'avais échappé à la mort à la naissance, parce que ma mère et mes frères et soeurs étaient tous morts. Tous sauf moi. Pourquoi étais-je une miraculée? En tous cas la mort c'était peut-être la seule chose dont j'avais peur. Petite je me croyais sans peur, jusqu'à ce que je rencontre Darkill. Ces derniers temps d'ailleurs je ne le voyais plus trop.
*Il faudra que je le trouve, il a toujours tendance à disparaître on ne sait où...*
Il avait faillit me tuer, son aptitude avait gagné mon respect, et j'avais compris que je tenais à la vie. C'est pour ça qu'il m'était impossible d'envisager de tuer un de mes congénères de mes propres griffes. Pas comme ça du moins. Dans le feu de l'action, oui.
*Et torturer alors, ça ne te fais pas peur?*
Non, c'était vrai. J'aimais voir la souffrance et la terreur dans le regard des autres, voir que je suis la plus forte. J'aimais arracher des cris, pour l'instant seulement aux proies que j'attrapais, qui sait plus tard si ce ne sera pas un tigre... cela, ça ne me faisait ni chaud ni froid. C'est Papa qui avait dû me donner ce goût du sang. Par contre, sa vénération pour la mise à mort d'autruits ne m'avait pas touché.
*Et Endless, comment feras-tu pour la vaincre, si tu ne la tues pas? Comment pourras-tu être sûre qu'elle ne reviendra pas si elle n'est pas morte? Tu la laisseras se vider de son sang, tout simplement?*
Oui. Sans doutes. C'est vrai que je ne m'étais jamais posé la question. Papa voulait qu'elle meurt, tout bonnement, car je serai sûre d'avoir le pouvoir pour longtemps. Je savais que lui avait été chef, que je devais l'écouter... Mais je ne pouvais pas m'empêcher de me demander pourquoi est-ce qu'il était parti, pourquoi est-ce qu'il avait quitté son clan pour venir ici. Et si il avait fait des erreurs qui l'avaient menées à abdiquer? Comment se fier à cent pour cent à ses conseils? Moi ce que je voulais c'était le pouvoir durant longtemps, mais aussi voir le Clan prospérer, être au-dessus des autres. Plus fort, plus loyal, un Clan parfait... Et moi à sa tête...
Déjà, si je voulais être un chef parfait plus tard, je ne devais pas aller en territoire ennemi. C'était un peu trop tard pour me dire ça, puisque j'étais complètement perdue au milieu de terres brûlantes comme la plage au soleil. Un univers de sable à pertes de vue, et je ne voyais pas une trace d'eau. Et le soleil qui tappait, au-dessus, me brûlait. La chaleur était étouffante. Non, je n'aurais jamais dû quitter la forêt de quatre saisons, même si ces collines dorées semblaient attrayantes de loin. Je n'étais plus un tigron d'un an. J'en avais bientôt deux, l'âge où on pourrait enfin me qualifier adulte et autonome.
*Ouais ben pour ça il faudrait que tu sois encore vivante d'ici deux mois, ce qui n'est pas chose facile si tu restes ici et si tu ne trouves pas d'eau.*
Le soleil était à son zénith, brûlant plus que jamais. Ca devait bien faire deux heures que j'avais franchi la frontière invisible qui séparait nos deux territoires respectifs. J'avais soif. Tout commençait à trembler autour de moi.Je regrettais de m'être aventurée aussi loin, comme un tigron imprudent et écervellé. Les dunes me semblaient soudain bouger, le ciel vacilla et je me retrouvais par terre sans rien y comprendre.
*Tu es trop faible, Ombre. Relève toi!*
Cette voix grave, ce ton méprisant. Papa. J'avais toujours l'impression de l'entendre quand je faisais quelque chose de travers. Je tentais de me relever. Ma vue se troubla, les nuages devinrent floues.
Tout devint noir.

Nouveau / Nouvelle Messages : 10

Les grains de poussière et le pollen dansaient dans la douce lumière des rayons de soleil qui parvenaient à s'infiltrer entre l'épais feuillage de la Forêt des quatre saisons. Il faisait bon et une petite brise venait parfois jouer dans ma fourrure, le couvert des arbres me cachait le ciel que je savais d'un bleu sans nuage, mais il n'empêchait pas la lumière de passer. La forêt était calme, seul quelques chants d'oiseaux et le bourdonnement des insectes venaient troubler le silence. La journée était parfaite, l'endroit magnifique et pourtant ce débordement de beauté ne me touchait pas, je me sentais vide, je me sentais seule. Le seul endroit sur lequel j'arrivais à me conscentrer était une étendue d'un blanc immaculé, le territoire du clan de la Neige.
Ce temps était loin mais c'était le seul lieu où je m'étais vraiment sentie chez moi, où j'avais vraiment été chez moi, là-bas je n'avais jamais été seule, j'avais des amis, j'avais surtout un ami, mon ami, mon amour.
Quand je repensais à ce temps là j'avais l'impression de ne jamais avoir été triste ou même contrariée, ces souvenirs ressortaient comme des moments de pur bonheur, de joies étourdissantes et d'insouciance. Ma vie n'avait jamais été aussi colorée que dans ce monde d'un blanc cristalin. Et tout cela était grâce à lui. Il avait toujours été à mes cotés, il m'avait toujours soutenue, encouragée et fait confiance, tout comme moi j'avais confiance en lui, il a toujours été honnête et transparent avec moi. Il m'a aimée. Et je l'ai aimé.
Il est vrai, lorsque j'y repense, qu'il était la source de tout mon bonheur, lui et personne d'autre, j'en ai eu la preuve. Car toute cette innocence, ces joies ont disparu en même temps que lui. Notre séparation a été des plus horribles, elle s'est faite dans le sang et la souffrance. Après avoir frolé la mort, j'avais enfin rejoint mon clan mais ça avait été pour découvrir qu'il était parti. Les temps qui ont suivi ont été parmi les pires de mon existence, les plus sombres et douloureux, je l'ai cherché sans relache mais plus je persistais à vouloir le trouver, plus je comprenais que mes recherches étaient vaines. J'ai longtemps regretté que cette blessure qui nous avait séparés ne m'ai pas emportée, parfois je le regrette encore, j'ai souvent pensé à mettre fin à mes jours mais je savais qu'il ne l'aurait pas approuvé, qu'il aurait trouvé ça lâche.
Finalement j'ai intégré le clan Rain, avec le temps ma depression est passée, j'ai fini par me raisonner - toute seule bien sûre, j'ai toujours été seule depuis- , j'ai même réussi a accepter le fait que je ne le reverrais plus et que je devrais vivre sans lui. Le temps a passé, encore, le temps passe, passe, passe, toujours, sans s'arrêter, sans se soucier de ceux qu'il écrase.
Puis, voilà à peine quelques jours qu'il avait ressurgit, comme le rêve de vie d'un condamné à mort, comme le mirage de celui qui se perd dans le desert, comme le représentent d'un passé qu'on s'est vainement efforcé d'oublier. Celui qui avait été toute ma vie était réapparu, enfin, ou malheureusement, car tout je que j'avais ressenti pour lui avait disparu. Je ne comprenais toujours pas comment c'était possible, lui qui avait été tout pour moi, n'était presque plus qu'un étranger à mes yeux desormais.
J'avais pourtant longtemps souhaité que se moment arrive, mais il était venu trop tard, et surtout trop vite, tout était allé trop vite, mes émotions s'étaient emballées et je l'avais pesque chassé. Je l'avais presque chassé !!! Mais que m'était-il passé par la tête ? J'avais délibérément dit adieux à celui que j'avais toujours voulu retrouver et qui avait été le seul à me rendre heureuse. J'avais dit adieux au seul qui avait su me donner goût à la vie.
J'avais envie de courrir le retrouver, où qu'il soit, lui dire que je regrettais mes paroles, que tous nos sentiments ne pouvaient pas avoir disparut que le temps -encore lui- les avait seulement tassés et enfouis dans un coin bien caché de nos coeurs. Mais je savais que je me mentais à moi-même, ils avaient bel et bien disparut, il ne servait à rien de le nier. Peut-être même avait-il une nouvelle compagne. Tout était fini,a mon grand desespoir le temps ne fait jamais demi-tour.

Un scarabé qui grimpait le long de ma patte me ramena dans la forêt, loin, très loin du clan de la neige et de White Prince. Je m'étais allongée au pied d'un arbre. Je me remis debout et me mis à longer la frontière entre les Rain et les Sun, au loin j'apercevais les dunes dorées. Une effluve me parvint alors que je m'aprêtais à regagner le couvert des arbres, l'odeur d'un Rain qui avait sans doute longé la frontière comme je le faisais en ce moment. Intriguée je suivis la trace jusqu'à découvrir qu'elle passait en territoire Sun. Je m'arrêtais et scrutai des yeux le paysage tremblant qu'offrait le désert à la recherche de celui qui avait bien put enfreindre les règles. Je ne l'aperçu nul part, il s'était sûrement trop éloigné entre les dunes, mais il ne devait pas se trouver très loin car l'odeur était encore fraiche. Un court instant l'idée de repartir sans m'occuper de ce tigre qui ne respectait pas les règles m'effleura l'esprit, un court instant seulement. Car par une telle chaleur, il pouvait avoir de très gros ennuis s'il croisait un Sun, et même sans ça, rien que la déshydratation était dangereuse. Bien qu'il sois passé en territoire ennemi, le tigre restait un Rain, je devais m'assurer qu'il n'avait pas besoins d'aide.
Je jetais encore un regard sur le sable fin, le paysage était monotone, il serait facile de s'y perdre, mais j'avais connu des situations identiques dans la neige et je ne m'étais jamais perdue. Bien sûre la neige était mon élément et le désert était loin de lui ressembler mais dans le pire des cas, je me guiderais avec le soleil. Je pris une inspiration et quittai mon territoire en suivant la piste de mon camarade de clan. Lorsqu'un peu plus tard j'atteignis le sable brûlant je suais déjà à grosses gouttes, mon épaisse fourrue n'étant pas adaptée à un pareil climat. Heureusement, les épais coussinets qui m'avaient si souvent protégée du froid évitaient que le sable ne me brûle trop les pattes. Au bout de se qui me parut une éternité j'aperçu une petite silhouette couchée dans le sable mais je savais qu'il était impossible que quelqu'un dorme ici, je me forçai à presser le pas en espérant que je n'arrivais pas trop tard. Ma gorge était sèche, ma fourrure, bien que blanche, était devenue brûlante et me donnait l'impression d'être en feu, j'avais du mal à marcher et l'air tremblait. J'aurais aimé trouver de l'eau, mais il n'y en avait pas, je devrais retourner sur mon territoire pour en avoir mais je ne rentrerais pas sans l'autre tigre. Quand enfin je l'atteignis je vis avec soulagement son flan se soulever au rythme faible mais régulier de sa respiration. C'était une jeune tigresse au pelage sombre. Je restais un instant à la regarder sans savoir quoi faire. Puis je me plaçai entre elle et le soleil pour lui faire le plus d'ombre possible, tout en lui léchant doucement la tête entre les oreilles dans le sans inverse du poil - comme une mère aurait fait la toilette de son petit - pour humidifier sa fourrure.
J'espérais ne pas avoir mis trop de temps, qu'il lui restait encore du temps, je n'en savais rien.
La seule chose qui était certaine, c'est que le temps me détestais autant que moi je le détestais.

>Musique<

Il fait chaud, il fait bon. J'aimerais rester comme ça éternellement. Loin des tourments de la vie, loin des choix, loin de l'ambition, loin des combats, loin de Papa et du Clan. C'est tellement mieux de dormir bien au chaud. Je me love contre une fourrure douce et réconfortante. Ce n'est pourtant pas celle de Papa. J'entends des mots réconfortants, apaisants. Une voix douce me berce et m'aide à m'endormir. Un seul mot me vient à l'esprit.

Maman. Un mot, un seul, presque palpable tant il est doux. Un nom exquis à prononcer, un nom qu'il est toujours rassurant d'appeler quand on a peur, de murmurer dans un souffle quand on dort. Un nom appaisant comme il n'existe d'égal. Je ne l'ai jamais prononcé. Est-ce si terrible? Je ne sais pas... J'ignore quel réconfort cela procure d'appeler ce nom le soir dans la tanière. En fait j'ignore un peu ce qu'est- une mère. Une mère c'est quelqu'un qui vient quand on en a besoin, qui s'installe avec nous pour nous aider à dormir, pour nous rassurer. C'est la coquille qui protège l'oisillon, l'écorce qui protège le coeur de l'arbre, la fourrure qui protège du froid. Une mère pour nous protéger du temps, du chagrin, du froid, de la peur, une mère pour nous donner l'impression d'être plus fort, invincible face au reste du monde, face aux méchants, faces aux ombres dans la grotte.

Seule. Moi je suis seule face à ce monde, face aux méchants, face aux ombres. J'ai toujours été seule. Je n'ai jamais eu que moi pour vaincre mes terreurs le soir, je suis devenue sans peur. Papa? Il n'a rien d'une mère, il est juste celui qui a forgé un peu plus mon caractère, mais la lame était déjà là, il n'a fait que l'aiguiser, l'affûter pour la rendre tranchante et sans égale. Une lame, la lame de son avenir, de ses plans, de ses projets et de ses ambitions. La lame de son combat. Peut-être ne suis-je qu'un pion dans cet échéquier qu'à fait Papa. Non je suis plus. Il est le roi, certes, mais je suis la reine. Je suis invincible. Mais il se sert de moi... Est-ce qu'une mère se servirait de son enfant? Bonne question. Je suis incapable d'y répondre. Mais je ne pense pas. Une mère fait tout pour son enfant et pas pour elle-même. L'écorce qui reçoit les coups de bec pour protéger le coeur, la fourrure qui reçoit les coups de griffe pour protéger le corps. Pourquoi n'ai-je pas eu droit à cette protéction, à ce réconfort, à cette chaleur? Qu'est-ce que j'ai fait? Pourquoi le destin m'a choisi moi?

Maudite, je suis maudite. Je suis la seule à avoir survécu, mais peut-être est-ce une malédiction. Peut-être aurais-je dû mourir avec mes frères et soeurs, avec ma mère. Comment supporter tout ces coups, comment supporter seule toute cette ambitions? Comment être à la hauteur de tous les espoirs de Papa? J'ai peur de ne pas avoir assez de force. Plus je grandis, plus je doute de moi même. Ca devient invivable. Je me bas contre moi même. Un combat a lieu en moi, le pire de tous ceux que j'ai vu. Ce que j'endure chaque fois auprès de Papa n'est rien comparé à ça. Mais c'est peut-être lui qui a causé tout ça. Non Ombre ne rejette jamais la faute sur les autres. C'est toi.

Un rêve. La tanière, la douce fourrure, la chaleur... Ce n'est qu'un rêve. C'est facil de le comprendre. Pourtant j'aimerais tant que ce soit réel... Je relève la tête. La tigresse n'a pas de visage... Une larme se forme au coin de mon oeil. Jamais je ne connaîtrai tout ça. Le plaisir d'avoir une mère, tout ce que l'on ressent, cette protection, tout cela n'est pas pour moi. Il me semble avoir choisi la voie de l'ombre toute jeune. Mon nom l'atteste en lui même...
Quelque chose vient me carsser la tête. Quelque chose d'humide. Je me sens tirée de mon sommeil. Un dernier instant je profite de toute ce qui m'entoure... Puis tout devient noir.

Brûlant. La première chose que je sentis fut le sable brûlant qui m'entourait. J'étais de retour au coeur du désert. Ensuite, ce fut l'humidité sur ma tête. Je n'avais toujours pas ouvert les yeux. Je sentais une présence, une odeure inconnue. Non, pas si inconnue. Au contrainte, les effluves mêlées à celles des Rains m'étaient aussi familières que si la personne était de ma famille.

- Maman...?

Ce mot m'avait échappé, j'étais encore trop dans mon rêve, trop endormie. J'ouvris les yeux, le soleil m'éblouit si bien que je dûs les plisser.Une ombre près de moi. Une ombre blanche. Je reconnus la silhouette d'une tigresse aux traits totalement inconnus. J'avais un peu honte de ce que j'avais murmuré un peu avant. Au fur et à mesure que je m'habituais à la clarté des lieux, si différente de l'obscurité réconfortante de la grotte, je pus détailler la tigresse. Elle était fine et blanche, son pelage était assez épais, rien de ce qu'il fallait pour vivre au coeur du désert. Normal, c'était une Rain, non une Sun. Etait-elle venue me chercher? La longue cicatrice qui barrait son cou me frustra. Puis je croisai enfin son regard. Des yeux oranges comme la braise, magnifiques. Je me perdis quelques instants dans ses yeux avant de lancer:

- Merci.

Pour une fois ma voix n'avait pas été méprisante, aucun orgueil, aucune méchanceté. Une voix douce, venant de moi. Qui l'aurait cru? La grotte et la douce fourrure étaient encore trop présente, je n'étais pas vraiment moi-même. Peu à peu je revins vraiment à la réalité. Je m'étais relevée, m'apprêtais à partir. Je n'avais rien à lui dire. Quelque chose me retint.

Papa. C'était son odeure que je sentais sur la fourrure de la tigresse. Pas seulement celle des Rains, mais celle aussi, plus ancienne, que je n'identifiais pas vraiment. C'était la même. Ma fourrure se hérissa, mon visage se durcit, je révelais mes crocs tandisque mes oreilles s'applatissaient sur mon crâne. Mes yeux noirs la fussilèrent. D'une voix dure, je feulai:

- QUI ES-TU? POURQUOI EST-CE QUE TU PORTES L'ODEUR DE MON PERE?!

Qui était cette étrangère? Pourquoi avait-elle pratiquement la même odeur que Papa? Soudain un flot de questions ininterrompu se déversa dans mon esprit. Beaucoup trop, je me perdis dans tout ça, mais je m'accrochai à la réalité grâce au regard de la tigresse. Toujours l'air menaçant, j'attendis qu'elle réponde...

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Elle remua légèrement, mais cela suffit à m'emplir de soulagement, je cessais de lui lècher la tête pour la regarder reprendre connaissance, elle me fit penser à un tigron se réveillant après une longue sieste pourtant, elle n'avait plus rien d'un petit.

- Maman ?

Le mot avait été prononcé d'une voix ensommeillée et peut-être un peu hésitante. Non je ne suis pas ta maman. Pourtant je sentis une vague de tendresse deferler en moi, peut-être est-ce cette appelation ou bien l'air un peu perdu de la jeune tigresse qui fit naitre cela en moi.
Elle releva la tête et m'observa de ses yeux sombres. Ils étaient beaux et lui donnaient un air rebel.

-Merci.

Je lui souris. Elle se releva puis me dévisagea avant de lancer :

- QUI ES-TU? POURQUOI EST-CE QUE TU PORTES L'ODEUR DE MON PERE?!

Je fus un peu déstabilisée par son changement d'humeur subit, puis le sens des mots qu'elle venait de prononcer m'atteint. Elle ne parlait pas de l'odeur des Rains, elle semblait intelligente, elle aurait compris que j'étais une Rain venue la chercher. Non, elle ne parlait pas de l'odeur des Rains, elle était trop surprise pour que ce puisse être ça, la seule odeur que je pouvais avoir en commun avec un autre tigre était l'odeur du clan de la neige. Hors le seul membre de ce clan que j'ai rencontré ici, hormis moi, était White Prince. Pourquoi est-ce que tu portes l'odeur de mon père. De mon père. Une énorme vague de tristesse s'abatit sur moi, me faisant vaciller, je sentis mes yeux se voiler. Pourquoi étais-je si triste alors que je n'étais plus avec lui ? La question restait sans réponse. Peut-être parce-que moi je n'avais pas réussi à l'oublier malgré mes efforts, j'avais pourtant longtemps cru que j'y étais parvenue, mais je comprenais maintenant que je me trompais. Peut-être parce-qu'elle était grande et que cela signifiait que cela faisait longtemps que lui avait tourné la page. Ou alors parce-qu'elle était rousse avec un regard sombre, qu'elle ne ressemblait pas à Prince, que donc elle ressemblait à sa mère et qu'elle ne me ressemblait pas du tout. La compagne de White prince était donc tout mon opposé. Je ne pouvais détacher mes yeux de cette tigresse qui aurait put être ma fille. Tout s'expliquait, White Prince était un Sun, voilà pourquoi elle était là, pour venir le voir, sa mère devait être une Rain, ce qui expliquait que la jeune tigresse appartienne à mon clan. Prince avait donc enfreint les règles et pour une autre que moi. Mais pourquoi est-ce que je me sentais si triste ? Après tout White Prince était de l'histoire ancienne, non ?
Des souvenirs de nous deux dans la neige, heureux m'envahirent. Avait-il éprouvé autant de joie avec une autre que moi ? Des souvenirs de cette grotte lumineuse où il m'avait entrainée durant la tempête de neige me revinrent. Je me souvint aussi de ce qu'il m'y avait dit. Je t'aime. Avait-il prononcé ces mots à une autre que moi ? Oui. Oui, et il avait même eu une fille magnifique avec sa nouvelle compagne, ce que nous n'avions jamais eu. il avait sûrement été bien plus heureux avec elle, un jour, Lima m'a dit que la plus belle chose qui nous arrivait, était d'avoir des enfants, qu'il n'existait pas de joie plus intense. Il était plus heureux sans moi.
Je redirigeais mon attention sur la fille de White Prince et je lui souris de nouveau, bien que je sus que mon sourire était un peu triste. Je te souhaite d'être heureux Prince, tu le mérites.

-J'ai la même odeur que lui car White Prince et moi étions jadis dans le même clan.

je ne lui parlai pas de ce que nous avions éprouvés l'un pour l'autre, elle aurait put être déçue qu'il ai aimé une autre tigresse que sa mère, de toute façon cela n'était plus que du passé. Un passé terminé, fini qui ne valait pas la peine d'être raconté.

La tigresse mit un temps fou pour répondre, à croire qu'elle ne m'avait pas entendu. Pourtant j'avais parlé fort, presque crié. Elle était sourde ou quoi? Son regard dans le vague, si expressif, me fit comprendre qu'elle réfléchissait. Pourquoi réfléchir? Pourquoi ne pas donner de répondre tout de suite? Je voulais savoir, et la patience n'avait jamais été mon fort. Ma queue fouettait l'air avec impatience, mon regard perçant tentait de comprendre ce qui la taraudait. De la tristesse. Voilà ce que j'y lisais. Et je ne comprenais pas pourquoi. Quel rapport y avait-il entre Papa et cette tigresse?
Elle me fit un sourire, et je compris qu'elle s'était enfin tirée de ses pensées. J'attendais maintenant qu'elle daigne parler. Sa réponse me laissa pantoise...
"-J'ai la même odeur que lui car White Prince et moi étions jadis dans le même clan"
Elle me prenait pour une idiote? A quoi jouait-elle? J'ignorais qui était White Prince, ce n'était pas de lui que je parlais. Mes oreilles se baissèrent de nouveau. Agacée, ma voix se fit méprisante et glaciale.

- Ne me parle pas d'autre chose, ne change pas de sujet.

Des ordres. Secs, blessants, une voix arrogante. C'était tout à fait moi. Peut-être reconnaîtrait-elle en moi les traîts de mon père. Je continuai d'une voix mielleuse mais toujours aussi méprisante et orgueuilleuse, une voix arrogante, plus que glaciale sur les bords.

- J'ignore qui est White Prince, et je m'en contrefiche. Je te demande pourquoi tu porte la même odeur que mon père. Anakeil.

En prononçant le nom de Papa j'eus un sourire. J'aimais ce nom, il résonnait comme une promesse de victoire et d'avenir. A ce moment là, j'avais oublié mes doutes et mes rêves...

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Il faisait chaud, trop chaud, j'étais faite pour vivre dans la neige et pour résister à des températures polaires. Ma fourrure épaisse était tellement trempée de sueur qu'elle se collait sur ma peau et déjà ma vision se troublait légèrement. Je ne pouvais pas rester là plus longtemps, je devais rentrer. J'aurais voulu proposer à la jeune tigresse de retourner chez nous mais la colère que je perçu dans son regard et dans la tension de ses muscles m'en dissuada. Qu'avais-je donc dit pour l'énerver ? Avait-elle compris que j'avais aimé White Prince ? Craingnait-elle que je cherche à le récupérer ?

- Ne me parle pas d'autre chose, ne change pas de sujet.

Le ton qu'elle employa me choqua et me blessa, de plus, je ne comprenais pas ce qu'elle voulait dire puisque j'avais répondu à sa question et, contrairement à ce qu'elle prétendait, sans changer de sujet.

- J'ignore qui est White Prince, et je m'en contrefiche. Je te demande pourquoi tu porte la même odeur que mon père. Anakeil.

De nouveau cette intonnation blessante et arrogante dans sa voix, pourtant je ne la remarquai même pas, mon esprit, ma respiration, le monde entier s'étaient arrêtés. Arrêtés sur un mot, un seul, un nom. Anakeil... Anakeil, Anakeil, Anakeil. Le nom résonnait un boucle dans ma tête, faisait un boucan insupportable, ma vision devint encore plus floue. Le monde se mit à tanguer puis à tourner, tourner, tourner, si vite que lorsque je voulu reculer je me retrouvai assise par-terre. Puis en prenant conscience de se que cela signifiait, qu'Anakeil était toujours en vie et que par-dessus le marché il vivait dans le même clan que moi, le monde cessa de tourner. Il mourut. Comme les quelques espoirs que je puisse un jour vivre heureuse, comme ma volonté. Comme étaient morts tant de membres du clan de la Neige, tant de mes amis, par sa faute.
Je me souvint de la guerre qu'il avait déclanchée, volontairement, et en sachant qu'elle était perdue d'avance, lorsqu'il était chef du clan de la Neige. Il avait attaqué sa propre mère et faillit la tuer à cause de son ambition démesurée et de sa soif de pouvoir.
Il pouvait être le frère de White prince, il était tout son opposé. Mes pensée s'envolèrent vers Prince et j'eu envie de l'appeler au secours.
Lui aurait été un bon chef, bon et juste, c'était lui qui aurait dût prendre la tête du clan. Anakeil n'avait réussi qu'à détruire son clan, c'était à cause de lui que Prince et moi avions été séparés, c'était lui qui, en nous séparant, avait détruit ma vie.
Je fermai les yeux très forts pour essayer de trier mes idées mais son image m'apparue encore plus clairement. Je les rouvris immédiatement pour les poser sur sa fille. Comment n'avais-je pas compris qui elle était ? Elle avait le même air arrogant et glacial que son père, le même mépris, la même colère brillaient dans ses yeux. Tout ce que j'avais trouvé beau et attendrissant chez elle avait disparu. Mais elle m'avait posé une question et j'allais lui répondre, je n'allais pas lui laisser le loisir de me crier encore dessus. Je pris une longue inspiration saccadée.

_ An...Le nom resta coincé dans ma gorge, comme si le fait de le prononcer allait le faire surgir...T-ton p...père a...Je me rendis compte que ma voix tremblait d'effroi or, je refusais d'avoir peur d'Anakeil, j'étais en colère contre lui mais je n'acceptais pas l'idée qu'il me terrifie. Je me forçai à reprendre le contrôle de ma voix et à la rendre ferme... Il a été chef du clan auquel j'appartenais il y a longtemps.

J'attendis la réaction de la tigresse car connaissant l'orgueil d'Anakeil, je supposais qu'il ne lui avait pas parlé de sa déchéance.

La tigresse se sentait déjà mal avant. Vu son épaisse fourrure c'était normal, elle devait avoir terriblement chaud. Mais son état s'empira après que j'eu prononcé le nom de mon père. Je restais là, grave et menaçante, une lueur de colère dans le regard. Celle qui me quittait rarement. La tigresse s'assit sur le sable chaud avec brutalité, mais c'était plus pour ne pas tomber par terre que pour se mettre à son aise, me semblait-il. A moins qu'elle soit tombée en arrière... Oui c'était sûrement ça. Je finis par m'impatienter, et ma queue virevoltait de gauche à droite avec agacement. Je sentis qu'elle allait enfin parler quand elle prit une longue inspiration -plutôt tremblante et saccadée.Au tout début elle bégaya, ce qui eut le dont de m'énerver encore plus. Puis enfin ses mots devinrent plus compréhensibles.
" Il a été chef du clan auquel j'appartenais il y a longtemps."
LE fameux clan? Celui qu'il avait gouverné, celui dont il n'avait cessé de me parler, de me vanter ses prouesses en tant que chef, de me narrer les améliorations qu'il y avait apporté... Mes yeux reflétaient l'incompréhension. Encore la tigresse aurait fait partie d'un Clan ennemi à celui de papa, j'aurais compris qu'elle redoute son nom. Mais là... Qu'est-ce qui clochait dans toute l'histoire? Pourquoi ce profond malaise? Où était l'erreur, le mensonge en lequel je croyais depuis toujours? Que se passait-il? Tout semblait m'échapper, je ne comprenais plus rien, je n'aimais pas ça.

- Pourquoi son nom semble-t-il te terroriser? Que se passe-t-il? Quas-tu fait? Qu'a-t-il fait?

Trop de questions me venaient à l'esprit, encore. Je détestais ça. Et cette chaleur qui tappait tant... J'avais chaud moi aussi. Cette fois-ci je me dis que le soleil était vraiment en colère, pour^cogner aussi fort...

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- Pourquoi son nom semble-t-il te terroriser? Que se passe-t-il? Qu'as-tu fait? Qu'a-t-il fait?

Voix qui claque , qui fait mal, comme un coup de griffe. Douleur, chaleur, soif, vision floue, tête qui tourne. J'allais mourir. Peur, épouvante, colère, haine. Oui, j'allais mourir, enfin. La douleur, la chaleur et la soif ne sont rien. Rien. Elles n'existent même plus. Juste l'épouvante et la haine. Elles sont l'univers qui tourne autour de moi. Peut-être la mort m'apporterait-elle enfin un peu de paix ?
Qu'a-t-il fait?
Comment pourrait-il exister autre chose que l'épouvante et la haine même dans la mort ? Comment alors que celui qui avait détruit ma vie et mon bonheur, celui qui avait tout détruit, était encore en vie et vivait heureux avec sa fille juste à coté de moi, dans mon clan ? Existait-il une justice quelque part ?
Non.
Qu'a-t-il fait ?
Il m'a tuée. Il m'a tuée de la façon la plus horrible. Il m'a tuée en me détruisant mais en me laissant vivre. Je suis morte, je n'ai plus de vie, plus de joie, plus rien à faire à par marcher pour me souvenir et souffrir. Mais je vie toujours et je dois supporter cette souffrance et le néan de mon monde.
Il a aussi détruit le clan dont il était responsable avant de l'abandonner et a causé beaucoup de morts. Il aurait tué sa propre mère si White Prince n'était pas intervenu. Que dire de plus à part qu'il est un monstre cruel et sanguinaire ? Qu'a mes yeux il est l'incarnation du mal ?
Alors petite et tu sûre de vouloir connaitre la vérité sur ton père ?
Mais c'est son père justement et il lui a menti, à elle aussi, à sa propre fille. Elle lui ressemble mais en ce moment elle est perdue et se questionne. Elle lui ressemble mais elle a le droit de savoir.

- Si tu aimes ton père, je te conseille de tout oublier et de retourner à ses cotés. Mais si tu es sûre de toi et que tu veux réellement connaitre son passé alors je peux t'aider.

Je fixai mes yeux dans les siens pour lui faire comprendre de ne pas prendre mes paroles à la légère.

- Ce n'est pas à moi de tout te raconter, en revanche je vais te dire qui le peut. Mais avant je te demande de bien réfléchir à ce que tu veux réellement.

J'attendis un peu avant de continuer, espérant qu'elle suivait mon conseil. Elle devait être sûre de ce qu'elle désirait car une fois qu'elle saurait, elle ne pourrait plus faire marche arrière.

- White Prince pourra t'aider. C'est un Sun mais ne t'en fais pas, si tu décides d'aller le voir alors tu le reconnaitras lorsque tu le verras.

"Si tu aimes ton père, je te conseille de tout oublier et de retourner à ses cotés. Mais si tu es sûre de toi et que tu veux réellement connaitre son passé alors je peux t'aider."
Des mots qui me brûlaient à petit feu. Dans son expression on sentait qu'elle disait la vérité, que le sujet était grave. J'aurais voulu fuir et tout oublier. Cette rencontre sous le soleil ardent; cette prise de conscience qui me rappelait qu'il me manquerait toujours quelque chose au fons, l'amour d'une mère; les mots de la tigresse... Pourtant il y a quelque chose qui sut me retenir. Découvrir la vérité, lever le voile sur le silence d'Anakeil. Aujourd'hui je pouvais tout savoir, cesser d'être naïve et ignorante. Après tout je jouais un élément essentiel dans une histoire dont je ne connaissais pas les fondements. Je ne voulais plus être un simple pion écervellé dans le jeu de Papa. C'était fini tout ça...
"Ce n'est pas à moi de tout te raconter, en revanche je vais te dire qui le peut. Mais avant je te demande de bien réfléchir à ce que tu veux réellement."
C'était déjà réfléchi. Depuis toujours. Depuis le premier jour dans la grotte,au milieu de mes frères et du sang de ma mère, tout au long de ma vie à travers les voyages et les combats. Au fond de moi j'avais toujours voulu en savoir plus sur l'identité de mon père, sur le chef qu'il avait été et son clan. Mais encore au-delà de cette soif de savoir, je craignais ce que j'allais entendre. Peu à peu mes espoirs s'éteignaient sur ce qu'avait été le grand Anakeil. Les paroles de la tigresse me frustrèrent. COMMENT?! J'allais encore devoir attendre. Mon regard dur restait braqué sur elle, plein d'impatience et de doutes.
" White Prince pourra t'aider. C'est un Sun mais ne t'en fais pas, si tu décides d'aller le voir alors tu le reconnaitras lorsque tu le verras."
Je n'attendis pas. Les battements de mon coeur semblaient s'accélérer au fure et à mesure que le temps passait et que j'attendais, ma tête me tournait alors que je me posais trop de questions. La tigresse eut à peine le temps de terminer sa phrase. Je m'élançais au milieu des dunes sous le soleil ardent, toute fatigue et toute soif oubliée. Je laissais derrière moi la tigresse blanche et le sable qui se soulevait sou mon passage. Je ne savais pas où j'allais, je laissais simplement mon instinct prendre le dessus pour trouver l'impossible. Un nom, un tigre.
White Prince...

[Tu réponds pour commenter et dire que tu t'en vas, puis on ferme le sujet?]

Je veux savoir... [PV Matahari]

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